Les Finnois forment un peuple un peu renfermé —renfrogné même parfois !—, mais ils se « révèlent » dans leur contact avec la nature. Et même sans aller jusqu'en Laponie, au Nord du pays, on peut les voir marcher, appuyés sur de longs bâtons, ou, l'hiver, skier... en bottes en caoutchouc : les Nokia sont LE modèle de référence de l'armée finlandaise ! (véridique ; elles ont des semelles à crantage particulier, permettant de s'adapter facilement aux skis —ski de fond)...

   Un article en anglais de la revue finlandaise Helsinki Happens, (The guide to business, Life and Happenings in the Finnish Capital) daté de décembre 99–janvier 2000 décrit les Finnois ainsi : (je ne fais que citer ! Je n'ajoute rien à cet article rédigé par un Finlandais !).

   « AUSSI BRANCHÉS QU'ILS PUISSENT ETRE, les Finlandais sont des êtres reclus, préférant la compagnie des arbres, des lacs ou de la mer, à celle des autres hommes. Ils se définissent eux-mêmes comme des « hommes des bois ». Et qu'y a-t-il de plus proche de la nature que de cueillir des sieniä, —des champignons— en forêt ?

   La cueillette de champignons, comme tout rituel valant son exotique pesant mycologique, nécessite un code vestimentaire adapté, et les saappaat, —les bottes, et plus particulièrement les bottes en caoutchouc— sont sans conteste possible les reines des chaussures ici. Les Finlandais non seulement ne ressentent aucune gêne à porter des bottes en caoutchouc, mais en sont même plutôt fiers. Ils les élèvent même à un rang symbolique : les bottes en caoutchouc Nokia « sport » sont utilisées pour le bateau, la cueillette des baies, et les promenades dans les chemins boueux. Les Bottes en caoutchouc ne sont pas ici reléguées à la campagne, mais commencent même à être reconnues, tant par les plus « urbains » que par les plus rustres, comme un signe affectueux de leur modeste culture Nordique. »

   Bien plus, le docteur Martti Hyvönen, médecin–chef à la compagnie d'électricité de la ville d'Helsinki, précise, dans un très sérieux article rédigé en finnois :

   « On estime que près de 3 % de la population souffre de dépression en raison de la longue nuit polaire. Reconnue sous le nom de Seasonal Affective Disorder (S. A. D. ; trouble affectif saisonnier), elle apparaît surtout chez les adultes d'âge moyen.
   Le remède naturel le plus efficace contre cette affection liée à l'arrivée de l'obscurité, ne consiste pas en ces appareils coûteux qui procurent une apaisante lumière constante, mais en des bottes en caoutchouc et des promenades au grand air, tout au long de l'année.
   Les gens qui souffrent de S.A.D. ont tendance à rester à l'intérieur durant tout l'hiver... Or quand on songe à tous les bienfaits revivifiants d'une promenade au grand air, les bottes en caoutchouc l'emportent par 6 à 0 ! »

   La presse économique (The Economist, The Financial Times à Londres) s’est intéressée (au début de janvier 2000) au prodigieux bond économique de la société finlandaise NOKIA. Ses téléphones portables s’arrachent dans toute l’Europe. Mais tout amateur de bottes qui se respecte sait bien que NOKIA c’est d’abord et surtout LE fabricant nordique de bottes en caoutchouc : plus de 670 000 paires par an (soit plus de 3100 paires par jour !) !

Mais d'autres journaux se sont intéressés à un petit fait divers qui y est directement lié.
   Un bourg finlandais de 1800 habitants, à l’église en bois, à 80 km au Nord–Est d’Helsinki, Pukkila, ayant hérité en 1962 des actions Nokia qu’un de ses habitants lui avait léguées, se déchire aujourd’hui à propos de l’utilisation des sommes devenues astronomiques de ce legs (Le cours de l’action Nokia a été multiplié par 291 depuis 1992 ! Et par le jeu spéculatif, la commune en possède plus de 56 000 !).

   On sait, de fait, peu de choses du défunt donateur : Onni NURMI, un homme assez mystérieux né en 1885 à Pukkila. Ceux qui l’ont connu le décrivent comme « un homme

peu bavard qui portait toujours des bottes rouges Nokia, à une époque où les bottes en caoutchouc étaient rares en Finlande. » À la mort de sa mère, alors qu’il n’avait que 18 ans, il part pour l’Amérique dans l'espoir d'y faire fortune. À son retour, vers 1928, il travaille comme valet de ferme à Pukkila, puis comme agent immobilier à Helsinki. En 1959, il décide de dédier sa fortune au développement des loisirs des habitants de la maison de retraite de la commune. Il décède le 18 novembre 1962, sans enfants, et fait don de ses biens —un petit appartement à Helsinki, un peu d'argent et surtout 760 actions NOKIA— à la commune de Pukkila, mais est enterré à Helsinki. Le centre pour personne âgées de Pukkila a, depuis, suspendu dans la salle à manger, une photo d'Onni Nurmi, en signe de reconnaissance. Ah oui !... au fait !... « Onni » en Finnois signifie « chance » ! Un botteux chanceux, en somme !

   Alors, si le printemps vous fait bouger et si vous ne savez pas où traîner vos bottes : la Finlande vous attend ! Vous pouvez aussi vous rendre, à 1H30 de route d'Helsinki, à Nokia ! Cette ville est désormais universellement renommée pour ses téléphones portables, et, bien sûr, pour ses bottes en caoutchouc souple ! Autant le dire, même sous la neige et des rayons de soleil, et malgré les lacs d'alentours, la ville elle-même est moche, sans aucun cachet. C'est une ville ouvrière essentiellement marquée par... les usines " Nokia " — en fait, c'est simple, toutes les usines, de pneus, de bottes, de portables et autres s'appellent aussi «Nokia» — situées dans d'immenses bâtiments en briques datant du début du siècle, le reste de la ville étant constitué de petits immeubles contemporains. L'air ambiant est lui-même chargé de relents... de caoutchouc ! Eh oui !
   Rendez-vous donc au magasin d'usine —pas près de l'usine— de « Nokian Jakilneet » (« les Chaussant Nokia »)...

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